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le guide du manger


aromebase

le meilleur restaurant de lille.

point à la ligne.

aromebase, 8 rue des fossés, 59800 lille


maison ramen

attention, peut y avoir du monde, mais c’est normal c’est trop bon.

foncez slurper. rien ne réconforte comme maison ramen.

petite infusion en fin de repas, et tous vos soucis seront partis.

maison ramen, 133 rue solférino, 59000 lille


shuriken

tous les sushis se ressemblent.

c’est bizarre, non ? de vous recommander un sushi.

une nourriture de gratte-ciel, qu’une assemblée hétéroclite choisit, mollement, pour reprendre des forces avant de boucler un dossier, une nourriture convenue, au goût sans surprise.

une nourriture “paix des ménages”, pour manger devant la télé. moins puant que la pizza, moins gras que le burger, la plus ok à manger froid, la plus mondialisée des bouffes.

tous les sushis se ressemblent.

tous les restaurants à sushi… se ressemblent aussi.

tous les “japonais”, comme on dit… dont on dit d’ailleurs qu’ils sont tenus par des chinois. “non mais lui c’est un japonais mais qui est tenu par un vrai japonais”, oui oui c’est ça, comme pour justifier que découper un poisson devant toi le rendrait meilleur.

de toute façon, chinois, japonais… tous les asiatiques se ressemblent. comme les sushis.

et c’est ce qu’on apprécie chez eux. la constance. rentrez dans n’importe quel restaurant japonais : il est bien tenu, les tables sont dressées, la décoration n’a pas changée même s’il est ouvert depuis dix ans.

il se dégage de l’atmosphère quelque chose de régulier, de familier et de réconfortant. jour après jour, avec la régularité du bras du petit chat porte-bonheur qui sert de talisman sur le comptoir.

on ne dira jamais assez le bonheur qu’il nous porte, qu’elle nous porte, cette communauté asiatique. et comme on ne le dit pas du tout, il s’agirait de commencer.


à lille, passée une certaine heure, une toute autre catégorie de population envahit la rue. ils sont généralement blancs, déclassés, malades.

les mendiants se déploient sur la ville afin d’investir la nuit. c’est la clique de villon. ce sont les coquillards.

je croise leur première représentante : elle a une affliction de peau qui déforme un visage sur lequel elle s’efforce de maintenir un sourire.

“je ne suis pas méchante”, lance-t-elle.

je sais bien. je ne donne pas pour autant. ma conscience est à moitié tranquille : elle a une bonne rue, béthune. ça ira.

chacun d’eux a sa rue, qu’il arpente, parfois jusqu’au plus noir de la nuit, jusqu’à ce que n’interviennent les authentiques égorgeurs.

béthune est très centrale, passante, les promeneurs nocturnes sont fréquents : c’est la rue des cinémas.

je sortais moi-même de métropolis de fritz lang.

les gens se battaient à l’entrée pour un film de 1927. ils avaient bien raison.

chef-d’oeuvre du cinéma, mélange de science-fiction, de récit biblique, de force et de démesure, de vérités éternelles. un message infini et emprisonnée. 11811.

je souffre quelque peu du syndrome de stendhal : j’étais très ému par cette séance, et j’avais besoin de manger.

en d’autres termes, j’avais besoin de sushis.

bien sûr, il fallait braver la rue gambetta et la rue solférino où d’autres pièges pouvaient m’attendre.

mais il y avait là-bas un sushi qui avait fait l’épreuve des saisons, comme métropolis l’épreuve du temps.

je traverse gambetta. quelques égorgeurs, sortis plus tôt, crachent par terre, repèrent des tueries.

les filles s’abritent sous les porches ou se déplacent en groupe.


j’arrive à shuriken alors que les derniers clients sont en train de partir.

il est 22h. heureusement que je ne suis pas resté à l’après-séance.

je regarde la carte de l’extérieur, repère un ensemble à moins de 25 euros. le plafond de la carte ticket-restaurant.

en entrant, je dis bonjour aux tortues. j’ai l’impression qu’elles me répondent d’un petit mouvement du goître.

comme prévu, l’ambiance est paisible. je commande un menu k1 et un menu s1, afin d’avoir un peu de rab pour demain midi, où je mangerai seul.

je fais un salamalec pour monter l’addition à 25 tout pile : il dit non, j’insiste, il dit ok, mais on vous offre des california rolls.

j’aime cette comptabilité liquide, seule voie de salut contre le capitalisme.

je demande si je peux attendre dehors. mes mâchoires sont tendues : je n’ai parlé à personne de la journée, j’ai pris des pochons de nicotine, et j’ai mâchonné un cure-dents devant le film.

sur la rue solférino, tout du moins sur le tronçon qui va jusqu’au théâtre, un autre mendiant patrouille.

il me regarde dans les yeux. lui aussi essaye de marchander. j’ai pas d’argent. j’ai pas d’argent. j’ai pas d’argent. et si vous alliez au distributeur ? désolé, bonne soirée.

il s’en va. je le vois faire le tour de la rue, poursuivre une fille sans succès, une autre, et après cet odieux manège, revenir vers moi.

en me reconnaissant, il m’insulte et continue sa route.

à dix mètres de là, l’équipe de maison ramen fume, et me regarde d’un oeil amusé. ces choses-là sont-elles étranges pour les asiatiques ? on les voit rarement faire la manche.

le sens de la famille peut-être… et la famille veut dire que personne n’est laissé derrière.

la patron m’apporte ma commande, un sac en kraft, merci monsieur. bonne soirée. également.


je presse le pas.

je n’ai qu’une envie : rentrer, manger ces sushis que j’aime tant. des petits morceaux d’avocats, du riz, de la sauce soja.

la délivrance est proche. j’accélère. soudain j’entends :

“monsieur ! monsieur !”

ça vient de derrière moi.

“monsieur s’il-vous-plaît !”

putain. je m’enfonce dans ma capuche. encore un. je me retourne :

c’était le patron.

ils avaient oublié une soupe. parmi deux menus, tout le reste, ils avaient oublié une soupe, cette soupe du shuriken.

pas la soupe paic vaisselle des autres, non, une soupe dont j’avais si besoin, celle à l’arôme de champignons réconfortant, au soja qui fond sur la langue.

et il avait couru, alors que je m’étais déjà perdu dans le dédale des rues, il avait couru pour me la ramener.

j’étais honnêtement confus, mortifié même, car il pleuvait ce soir-là, et qu’il avait couru pour honorer les termes d’un engagement flou.


je rentrais chez moi dans un état de stupeur, je me suis assis, j’ai mangé.

malgré l’heure tardive, la journée qu’on devinait épuisante, ils étaient préparés avec soin.

je mangeais avec bonheur.

tous les sushis se ressemblent…

mais pas ceux-là.

pas ceux-là.

shuriken, 129 rue solférino, 59000 lille


suzanne

lucas tricot est un génie de la cuisine. il est regrettable qu’il soit né dans la mauvaise ville.

car la cuisine est un milieu particulièrement vulnérable à l’alcool. et le génie un destin particulièrement vulnérable au tragique.

mais enfin, c’est ainsi. s’il en vient, qu’il y meure, c’est son droit. et, après tout, l’alcool est peut-être l’essence du génie.

n’en faisons pas un plat. laissons-les lui.

des plats merveilleux. une brioche au poulet. un mille-feuille de navet. un million de fantaisies.

bref, ce qui lui passe par la tête, après deux à trois ans dans les mains.

lucas tricot officie au suzanne, qu’on reconnaît facilement à ce qu’il est le meilleur restaurant de la ville…

du moins les bons jours.

restaurant suzanne, 4 place philippe lebon, 59000 lille


wazemmes

c’est un peu difficile de se repérer dans ce foutoir géant qu’est wazemmes, alors je vais vous compiler mes bonnes adresses.

aux alentours déjà : mention spéciale pour les “meilleures frites du monde” chez mestré. oui, elles sont délicieuses. oui, ça vaut le coup d’attendre 30 minutes pour un cornet de frites, à ramener chez soi pour accompagner le poulet ou une petite viande marinée. astuce de pro : utiliser le reste des frites pour une purée ou une soupe, c’est exquis.

autre belle adresse, le loa. street food caribéenne. délicieux, familial, excellent rapport qualité/prix. le sandwich est parmi les meilleurs que j’ai jamais mangé. source de délicieuses bananes plantains. et le chocolat chaud est à tomber. plat du dimanche le dimanche.

maintenant, le marché : boucherie, la meilleure c’est jean-claude. poissons, c’est “au petit poissonnier”. fromage, c’est compliqué : vous pouvez aller à la finarde, c’est excellent mais un peu cher, et surtout il y a un “philippe olivier” pas loin des halles, que je préfère personnellement (mais c’est à vous de voir).

pour becqueter, c’est cher. la pizzeria est chère (mais bonne et l’ambiance au comptoir est top), le traiteur italien est cher (mais ils ont les meilleurs pannettonnes), gambaté ça va mais ça vaut pas non plus les vrais bons ramens, le libanais fait de bons sandwichs. et le thaï fait de vrais boules coco d’enfer.

derrière les halles pour finir : l’aziza fait des pâtisseries orientales à tomber par terre, pour les rotisseries toujours prendre le plus gros camion (et insister pour avoir du jus), j’ai pas testé les petits troquets mais les restos alentours sont pourris.

et pour finir, le marché. j’ai un copain là-bas, son stand est une merveille, les meilleurs fruits et légumes. je vous dirais bien de chercher un arabe qui gueule, mais bon, vous voyez le problème…

enfin. meilleur marché ever. allez-y, vous verrez.