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le guide du travail

le monde comme une eau vous traverse, et pour un temps vous prête ses couleurs puis se retire, et vous place devant le vide, que l’on porte en soi, cet espace d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre et qui paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr.

y’a des jours on se demande si on est pas un peu bipolaires.

si c’est votre cas, si vous avez rencontré la situation où votre humeur balance comme la queue d’un chat, ce guide est pour vous.


j’ai souvent pu lire, dans la fiche wikipédia de tel ou tel artiste, une mention de cyclothimie.

mais un détail qui m’a intrigué, c’est qu’il s’agit souvent de personnes extrêmement productives.

étonnant, non ? quand on passe la moitié de l’année voire plus à se morfondre sous la couette… comment font-ils pour travailler autant ?

bien sûr, il s’agit de personnes troublés, avec “un truc en moins”, qui les pousse à retoucher sans relâche une pellicule ou un sketch à l’heure où les honnêtes gens dorment.

mais (et on remarque gondry dans la liste citée plus haut, dont le livre des solutions en est un très bon exemple), je crois plutôt que cela tient au fait d’avoir développé une méthode.

méthode que j’ai le plaisir de vous livrer ici.


donc, le bipolaire est quelqu’un qui balance entre deux états, du colibri cocaïnomane au lézard neurasthénique.

mais sur quoi porte ces émotions-là ? postulons qu’il n’y a que deux possibilités : sur un point fixe, ou sur un flou général.

ainsi, le bipolaire sera tour à tour extatique sur une chose, comme s’il avait découvert un trésor (souvent de nature artistique / égotiste), puis sautillant de joie sur les milles détails sublimes de la vie, puis déprimé par la société et l’état du monde en général (“rien qui va”), ou carrément parfois, complétement névrotique d’avoir loupé sa pâte à sel à l’atelier peinture en grande section.

quatre états qu’on peut représenter dans le tableau suivant :

  un truc plein
heureux trésor yes life
triste névrose apathie

vous suivez toujours ? on avance.


mettons maintenant qu’on associe, par analogie, l’état heureux (manique) à une température chaude, et l’état dépressif à une température froide.

et qu’on associe ensuite l’objet de cet état, ou plutôt le nombre de ces objets, à une entropie soit faible (un seul point focal et identifié), soit élevée (un sentiment de bordel ambiant).

on convient alors ce qu’il convient bien d’appeler un diagramme thermo-psychique (si). voici par exemple un diagramme de carnot en thermodynamique classique :

cycle

ce diagramme représente le fonctionnement théorique d’un moteur idéal. on reconnaît immédiatement les quatres états évoqués plus haut, qui sur un moteur correspondent à :

  un truc / sa plein / sb
heureux / tc détente échappement
triste / tf explosion compression

une fois cette analogie faite, nous voyons par les flèches du schéma comment se déplacer d’une case à l’autre pour fournir du travail au monde extérieur.

en conclusion : il s’agit de passer d’un état à l’autre de la bipolarité et de sa focalisation dans le sens horaire du tableau.

quelque chose vous rend singulièrement heureux et admiratif ? servez-vous en comme d’un marteau et allez taper sur tous les clous que vous trouverez.

vous sentez-vous merveilleusement bien sans raison particulière ? buvez de l’eau en attendant patiemment la décuve.

vous sentez-vous consterné par l’irrémédiabilité de tout ce merdier ? creusez-vous la tête, il doit bien y avoir un problème particulier à la racine du mal.

voyez-vous le mal prendre forme sous vos yeux, ou se condenser sur la photo d’un certain souvenir ? regardez-mieux, et vous verrez que là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve.

et tournez comme un v6, comme un derviche, comme une planète stupide et mécanique, ou plutôt comme un réalisateur, tournez, tournez sans cesse et produisez autant :

  un truc plein
heureux marteau décuve
triste satori travail

ps : tourner dans l’autre sens, ça existe.

on appelle ça une machine thermique. en gros c’est quand le monde bosse pour toi.

après tout, le bipolaire c’est lui…

voici un tableau pour tourner dans l’autre sens, si ça vous intéresse :

  un truc plein
heureux corruption focalisation
triste scrupule interventionnisme

moteur ?

action.