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le veuf

s’il était féminin, le génie de la mort,

s’il savait seulement mentir pour rassurer,

pour apaiser les pleurs, les tourments, les remords,

au moins quitterait-on ce monde sans regrets.


une torture barbare de l’âge fourbe,

c’est d’articuler un son trop fort et trop près

guère plus pratiqué que par des fossafoutres.

ô que ma quille éclate ! que j’aille à saint-tropez !


quel oiseau assez grand pour pouvoir annoncer,

dans votre magasin, une promo démente ?

et quel club de voyage, de l’éternel été,

saura tirer profit, et en quelle saison ?


quel abruti génie, d’une gaine féconde

a fait gonfler mon coeur, et rugir mon bébé,

un tas de gaz soufrés qu’amon dirait immonde

s’il n’avait, lui aussi, deux graines dans le nez ?


ah ! oh ! euh… désolé. je m’étais égaré.

pour me dire où j’étais, y’a-t-il encore une âme

pas encore endormie par cette logorrhée ?

y’a-t-il encore un homme ? y’a-t-il encore une femme ?


peut-être en amerik, sûrement qu’il en reste,

on en fabrique ici, machines exportées

qu’on revend puis là-bas, et même les modestes

trouvent ça dans leurs prix, applaudissent l’objet,


le font tourner pour voir ses attributs si neufs,

la manière qu’il a de balancer ses pieds :

on dirait un homard ! console-toi le veuf,

ici on fait des plats, on fait peu foin des vers,


libres de tous désirs, tu es bien z’inutile !

sous tes airs de “rebel”, sous tes airs d’ingéré,

c’est ce que tu voulais, que le malheur s’empile !

ici la soupe est chaude. pas de pot mon biquet !


j’emmerde aussi vouzaut’. je vous pisse à la raie !

je vous crache à la gueule. et je mets les morceaux !

vos vers peu ragoûtants, votre bile insensée

et vos vilains penchants, voués aux vade retros,


on a tout fait cramer ! pardonnez l’officine,

la belle poésie, nous l’avons tant aimée,

vous l’avez tant écrite… mais sans vous offenser,

il aurait mieux valu des livres de cuisine.